Les entraves au développement du système de santé Palestinien.

Intervention devant la commission parlementaire pour la relation avec la Palestine au parlement Européen DPLC à Bruxelles le 25/06/2015

Le Système de Santé Palestinien  souffre de graves difficultés et dysfonctionnements,  il couvre les besoins des territoires palestiniens occupés en 1967 et  représente actuellement 11% du budget de l’autorité palestinienne.

Nous avons  2.2 médecins/ 1000 habitants, et 2.7 infirmiers/ 1000 habitants.

Il est partagé en quatre secteurs

-          Le service public (civil et militaire)

-          Le service privé

-          Le service de l’UNRWA

-          ONG

Depuis l’occupation israélienne en 1967 de la Cisjordanie et Gaza le système de santé déjà existant a subi des dégradations progressives et systématiques. Nous pouvons constater :

-le refus systématique des autorités israéliennes  de délivrer de permis de construire de nouveaux centres de soins.

- la fusion de système de santé local avec celui d’Israël sur le plan administratif et financier.

- les entraves dressées devant l’industrie des médicaments.

-la séparation de Jérusalem du reste de la Cisjordanie et son annexion, suivi de l’interdiction aux palestiniens d’adhérer au système de santé palestinien.

Un démantèlement systematique dans la plupart des villes occupées ,pour exemples :

A  Jérusalem la fermeture de l’hôpital des enfants malades, la fermeture du laboratoire central, de la banque de sang, du centre de lutte contre les tumeurs, de l’hôpital l’Hospice.  La transformation de l’hôpital public d’Alcheikh Jarrah en un centre de police, l’hôpital Local en centre de direction du gouverneur militaire.

A  Ramallah la fermeture de l’hôpital des maladies infectieuses , la fusion des deux hôpitaux restants en un seul  avec réduction de nombre de lits de  209 lits pour 115000 habitants en 1967 à 116 lits pour 140000 habitants en 1987.

A  Naplouse la réduction de nombre de lits de l’hôpital public et de l’hôpital Rafida.

La même politique pour Hébron, TulKarem , Jenin , Bethlehem , Beit Jala, et Jéricho.

A noter par ailleurs la dégradation des équipements des hôpitaux et des centres des santé pour femmes et enfants, la pénurie en cadre de santé, l’absence des structures de formation et de développement, le défaut de la surveillance médicale des écoliers et des travailleurs en contradiction avec les sommes prélevées pour le secteur médical.

Ces violations de droit à la santé se sont aggravées depuis les accords d’Oslo, deux facteurs supplémentaires ; le siège de la Bande de Gaza et le Mur de Séparation. Nous pouvons citer pour exemple ; la multiplication des check points  fixes et mobiles, l’utilisation de l’octroi des autorisations de sortie des territoires pour recruter des agents ou contre des renseignements sur des personnes recherchées.

Le mur de séparation a entrainé l’interdiction d’accès à plusieurs centres pour beaucoup des patients ; pour exemple les hôpitaux Elmakassed et Almouttalah à Jérusalem qui servent principalement des refugiés, ainsi que le centre des soins des yeux dans la même ville.

Les violations concernent aussi le personnel médical et infirmier dont le mouvement est entravé, des ambulanciers se déplaçant au risque de leur vie, des ambulances détruites.

Ces difficultés  rendent encore plus important le rôle du secteur de santé dans la protection et l’aide aux civils.

Le secteur privé et public participent malgré les difficultés liées à l’occupation à l’indépendance de la santé palestinienne et son développement.

Caractéristiques du service de santé Palestinien :

L’organisation est morcelée entre des acteurs publics et privés, l’UNRWA et les ONG. Le secteur privé est formé principalement des petits projets gérés par des hommes d’affaires, petites structures indépendantes. L’UNRWA offre ses services de façon séparée entre la Cisjordanie et Gaza sans coordination. Le service public n’a pas de structures claires ni moyens suffisants, il fonctionne sans plan directeur  et souffre de lutte interne entre les centres de décisions multiples.

Le service public n’a pas les compétences nécessaires pour établir des plans d’action dans le domaine de l’épidémiologie, des maladies chroniques, des cancers et dans la prévention ou de diagnostic précoce. Ne dispose pas des moyens suffisants, ses hôpitaux dépendent en bonne partie de l’aide apportée par les ONG,  les médecins exercent fréquemment dans le privé en plus du public à cause de faiblesse des salaires,  d’où l’encombrement des services et notamment pour les plus pauvres.

Les pays voisins (Egypte, Jordanie, Israël, et la Turquie) offrent une solution pour beaucoup des patients et pour les autorités sanitaires mais à un cout relativement élevé,  sommes qui alourdissent de façon importante le budget (exemple le cout de transfert des cancers urologiques en 2012 dans la seule bande de Gaza à couté plus de un million de dollars).

Il existe aussi une part de corruption dans le système de santé à tous les échelons, les patients sont parfois obligés de soudoyer des responsables pour obtenir un transfert ou un soin indispensable, l’absence de transparence  dans les décisions administratives.

Certains aspects positifs sont toutefois à signaler comme le développement de l’industrie des médicaments, des laboratoires d’analyses médicales et le développement des écoles de formations des métiers de santé.

Nous n’oublierons pas la situation difficile des prisonniers palestiniens et le non respect par Israël des  conventions internationales définissant les règles  des soins appropriés qui doivent leur être délivrés.

 

 

Bruxelles le 25.06.2015

Docteur Nizar BADRAN

Président du PalMed Europe/France

Chargé des relations académiques et extérieures du Pal Med Europe

 

 

Sources : la revue Terre de Palestine pour études et documentations

Statistiques ministérielles publiées

 

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